Le salon du littoral 2023 se déroulait au Parc des expositions de Montpellier. Un salon très technique, plutôt destiné aux professionnels du domaine maritime. Beaucoup de stands autour des éoliennes offshore (c'est la thématique du moment et on sort les gros moyens de communication pour nous expliquer à quel point ces éoliennes sont géniales).


Un stand m'a intrigué et m'a conforté dans l'idée que l'humain était dingue et surtout très paumé. Il s'agit du stand de Seaboost, une entreprise spécialisée dans la conception et la construction de solutions de restauration de la biodiversité marine. Jusqu'ici tout va bien, l'objectif de cette entreprise est plutôt très cool. Mais les solutions proposées sont, à mon sens, totalement absurdes. Parmi leurs activités, ils construisent des récifs artificiels. J'ai déjà abordé ce sujet des récifs artificiels dans d'autres posts. Il y a les pour et les contre. Moi je suis contre car l'argument de l'association Ocean Quest (avec qui je réalise ma formation de réhabilitation des récifs coralliens) m'a convaincu. Lorsqu'on balance des parpaings, des vieux pneus usagés dans la mer ou qu'on immerge des structures en métal pour la plantation de coraux par exemple, il n'y a aucune garantie que ces déchets ou structures artificielles soient colonisés par la vie marine. Lorsque la vie marine ne revient pas (ce qui arrive souvent) on se retrouve donc avec des décharges au fond des mers et des océans qui non seulement sont moches mais aussi polluent en relarguant des produits chimiques dans l'eau. Cela coûte cher de les récupérer donc ils sont laissés sur place. Bref ici avec l'entreprise de Seaboost on est au summum de l'absurde parce que non seulement ils prônent les récifs artificiels pour refaire venir la faune et la flore marine (quelle tristesse) mais en plus ils exploitent des ressources naturelles et dépensent de l'énergie pour fabriquer leurs structures miracles. Selon leur site Internet, ils utilisent du béton à porosité contrôlée et des biopolymères et ils impriment certaines structures en impression 3D. Le PLA, qui est le biopolymère le plus utilisé en impression 3D, a l'avantage d'être obtenu notamment grâce à l'amidon de maïs, il est donc considéré comme un bioplastique. Mais qui dit bioplastique ne dit pas forcément biodégradable et bon pour l'environnement. Selon le site Internet Digitec, pour qu'il puisse se décomposer, il lui faut de l'oxygène, de l'humidité, des températures gravitant autour des 60 °C et certaines bactéries spécifiques. Cet environnement propice ne se trouve pas dans la nature. Il est nécessaire d'avoir recours au compostage industriel. De plus ce bioplastique ne se recycle pas à l'heure actuelle. Pour résumer une entreprise conçoit et fait payer à ses clients comme les communes, les aires marines protégées etc. (sûrement cher) des récifs artificiels fabriqués à partir de matériaux nécessitant l'extraction de ressources naturelles et beaucoup d'énergie pour leurs fabrications et qui constituent de futurs déchets alors qu'on pourrait simplement mettre des éléments naturels comme...des rochers. Et surtout, surtout agir en amont et arrêter de perturber les écosystèmes marins à cause de nos activités. N'est-ce pas la base?


Dans ce salon j'ai aussi eu l'occasion de croiser :

  • l'association The shifters (traduction: embrayeur, manette de vitesse) qui œuvre à la décarbonation de l'économie. Jean Marc Jancovici est le fondateur et président de The Shift Project. Cet ingénieur, membre du Haut Conseil pour le climat, milite pour la taxe carbone et la production d'énergie nucléaire.
  • l'association Wings of the ocean. Sa principale mission est le ramassage de déchets et la sensibilisation au public. Une antenne locale est basée à Sète, dans l'ancienne auberge de jeunesse. Bénévoles et salariés vivent en communauté dans cette auberge. Les bénévoles organisent 3 ramassages par semaine.
  • l'association La Fresque du climat. J'ai déjà réalisé cet atelier à deux reprises, une fois à Marseille au musée Cosquer à titre personnel et une autre fois à Alès à titre professionnel. C'est un outil pédagogique intéressant pour comprendre les causes, les enjeux et les solutions individuelles et collectives pour limiter le changement climatique. Bon, après c'est présenté comme un outil génial et innovant qui permet de faire participer le public, il n'y a rien de nouveau dans la forme: l'approche pédagogique par l'expérimentation et la pédagogie par le jeu sont développées depuis déjà plusieurs dizaines d'années. La fresque du climat a été déclinée en de multiples thématiques. Je me suis inscrite au cours de mon Roadtrip à la fresque océane que je ferai à Nice et à la fresque des imaginaires (en webinaire).
  • l'institut de recherches INRAE qui met en place un programme intitulé Littopart. J'avais candidaté début septembre pour faire partie du panel citoyen qu'ils mettent en place en ce moment mais je n'ai pas été retenue. La chercheuse en charge du programme m'a expliqué qu'ils cherchaient des personnes qui ne connaissaient pas le sujet et des profils très spécifiques et diversifiés. Ils ont conservé les adresses emails des candidats non retenus et ils nous tiendront au courant des résultats de leurs recherches et des éventuels autres appels à candidatures. En attendant la chercheuse m'a présenté certains outils qu'ils utilisent pour faire participer le panel citoyen notamment un jeu de plateau (du même type que les jeux de plateaux et jeux de rôles que j'utilisais lorsque j'étais animatrice).

Des conférences étaient proposées mais les sujets étaient très techniques et spécifiques et ne m'intéressaient pas vraiment.

Un salon "B to Sea" permettait aux professionnels de se rencontrer pour établir éventuellement de futurs contrats.


Je ne me sens pas à ma place dans ce genre de salon où l'objectif pour la majorité des exposants et conférenciers (pas tous heureusement) est de montrer à quel point ils sont géniaux, puissants et vertueux pour l'environnement, où les hommes sont en costards et les petits fours attendent sagement la fin de la dernière conférence pour être mangés. J'y ressens aussi beaucoup de green washing et j'y vois beaucoup d'argent dépensé vers le développement de super technologies peu convaincantes.